Observatoire de la Notoriété et de l’Image de l’Intelligence Artificielle en France – Edition 2023

Baromètre Impact AI: Notoriété et image de l’Intelligence Artificielle auprès des Français et des salariés – édition 2023

L’IA verrait-elle se réactiver les imaginaires de fascinations et d’angoisses collectives pour l’avenir, auxquels elle donne périodiquement lieu ? Le lancement de la première version de Chat GPT le 30 novembre dernier, les prises de position de dirigeants d’entreprises américains et européens et un emballement médiatique international accréditent ce scénario. Pourtant, cette livraison du Baromètre Viavoice – GCF pour Impact AI révèle une tout autre tonalité : trois cycles de déploiements perçus apparaissent, qui suscitent adoptions, interrogations et espoirs. Le baromètre met en évidence une meilleure connaissance, appréhension et utilisation de l’IA et des taux de confiance en baisse de 7 points en 5 ans.

Retrouvez ici le communiqué de presse 

L’Observatoire des évolutions du baromètre Impact AI 2018 – 2023 laisse entrevoir la nécessité d’initiatives favorisant la confiance

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Image de l'IA en France 2023

Dynamique 1 : les IA « établies »

La première dynamique perçue est celle des IA « établies », qui sont les premières et en passe d’être très démocratisées désormais, auprès du grand public comme au sein des entreprises.

Les usages perçus s’établissent au quotidien sur des niveaux élevés : les « assistants vocaux sur Smartphone ou sur tablette » sont cités comme étant utilisé par 57 % des Français et 67 % des salariés ; les « agents virtuels » par 55 % des Français et 63 % des salariés.

Usage des IA génératives en France

Dynamique 2 : les IA « génératives », entre fascinations et interrogations

La deuxième dynamique est celle des IA « génératives », qui depuis novembre font leur entrée dans les vies personnelles et professionnelle : 16 % des Français, et 21 % des salariés « dans le cadre de leur vie professionnelle » déclarent avoir utilisé une IA générative (Chat GPT, Dall-e, Mid Journey, Le nouveau Bing, etc..) ».

Pour le moment, les avis concernant ces IA génératives sont partagées entre adhésions et scepticismes : 47 % des Français en ont une opinion « positive » (contre 37 %) et 52 % des salariés (contre 35 %).

Comment les IA génératives sont perçues en FranceFace aux nouveaux déploiements, interrogations et aspirations éthiques

En regard de ces nouveaux déploiements, l’IA suscite des adhésions et confiances majoritaires : 58 % des Français, et 64 % des salariés, déclarent avoir une « bonne image » de l’IA. De même, 51 % des Français (contre 43 %) et 56 % des salariés (contre 39 %) déclarent « avoir confiance » en l’IA. Ces scores apparaissent en repli par rapport aux données enregistrées de 2018 à 2020, témoignant, pour une partie des Français, d’une période d’interrogations face à ce nouveau cycle de déploiements de l’IA.

Au registre des réticences émerge une pluralité de facteurs. Les sceptiques envers l’IA citent en priorité « l’utilisation malveillante de l’Intelligence Artificielle » (67 %), « la peur que l’Humain perde le contrôle sur l’IA » (67 % également), « les potentiels risques en termes de sécurité privée et de protection des données » (59 %), « la potentielle destruction des emplois » (58 %) et « le risque de désinformation, de propagation de fake news » (56 %).

Ces interrogations sur l’IA plaident, aux yeux des répondants, pour « le développement d’outils et de méthodes visant à développer une Intelligence Artificielle « digne de confiance », selon les deux tiers (67 %) des Français.

Pour sa part, l’Union européenne, par la voix de son Commissaire Thierry Breton, envisage d’intégrer au futur « Artificial Intelligence Act » (faisant suite au Règlement sur l’IA » du 21 avril 2021) un volet relatif aux IA génératives, à la fois pour réguler, à la fois la fiabilité des données mais également les usages malveillants qui pourraient être faits.

 

Les Français plaident pour une IA de confiance

Dynamique 3 : les IA de demain, espoirs génériques et pour les entreprises

Pour l’avenir, la troisième dynamique est celle d’IA porteuses d’espoirs majoritaires et souvent croissants.

Le premier registre concerne la vie quotidienne. Estimant pour plus des deux tiers d’entre eux que l’IA pourra jouer un rôle dans ces domaines, les Français considèrent qu’ils « pourront, dans les prochaines années, avoir recours à l’IA » en matière de « santé » (59 %), de « transport et de mobilité » (56 %), d’ « environnement et d’énergie » (54 %).

Les espoirs sont manifestes également pour les entreprises, et en nette progression. « Dans Les outils pour une IA de confiance sont essentiels le monde du travail », les salariés estiment que l’IA aura « des conséquences plutôt positives » sur « la libération de temps à forte valeur ajoutée par l’élimination de tâches répétitives » (61 %), « l’éducation et la formation professionnelle » (57 %, +7 points par rapport à 2020), « la performance financière des entreprises qui y ont recours » (56 %), « le bien-être au travail » (54 %, +8). L’IA est également considérée comme très prometteuse pour « l’amélioration des performances au travail » (54 %, + 10).

IA : singularités d’une courbe d’adoptions

En matière d’adoptions par les publics, chaque innovation a ses spécificités. Mais l’IA est plus singulière encore que les autres, et recompose les logiques des courbes d’adoption.

Les particularités de l’IA tiennent notamment à un horizon sursaturé d’imaginaires, à une dénomination surprometteuse, à une puissance d’impact et de diffusions hors normes, et à une grande diversité de déclinaisons et d’espoirs opérationnels. L’ensemble de ces facteurs conduisent à intensifier de manière considérable à la fois les espoirs, les craintes et les interrogations. Aujourd’hui, l’idée générique de l’IA est accueillie par des enthousiastes technophiles (17 %) probablement early adopters, des fatalistes (30 %) et des sceptiques demandant à être convaincus (26 %) ; Seuls 15 % des Français (12 % des salariés) se déclarent « réfractaires ».

Les IA génératives, une révolution majeure pour l'humanité

Concrètement, l’adoption procède d’abord de courbes successives distinctes : désormais, ce qui est à l’œuvre est cette dynamique de trois cycles « déploiements-adoptions ».

Ensuite, l’adoption de l’IA s’épanouit dans ses usages : sur l’ensemble des questions posées, les personnes ayant fait l’expérience de l’IA générative expriment des adhésions beaucoup plus manifestes que les non-initiés. Par exemple, si 47 % des Français expriment une opinion « positive » sur les IA génératives, 73 % de celles et ceux qui les ont utilisées émettent le même jugement.

Aujourd’hui, et durablement, l’adoption de l’IA est en réalité portée par des services appréciés, des expériences utilisateurs mobilisatrices, et par des espoirs opérationnels positifs pour la vie quotidienne comme pour les entreprises. L’IA peut ainsi, pour une large part, s’épanouir par ses âges successifs, et surtout par le dépassement de ses mythologies.

 

François Miquet-Marty

Président de Viavoice et du centre de prospective GCF

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